Eppur si muove…

Galiléo Galiléi, puisque c’est de lui dont nous allons parler, adore les mathématiques et c’est vers elles qu’il s’oriente même si son père souhaite ardemment qu’il devienne médecin ! Notre homme est doué voire surdoué et achève brillamment ses études. Il entame une carrière de savant, de professeur et de lettré et devient une des « sommités » de son époque. Galilée enseigne à la prestigieuse université de Padoue et ses leçons ont un succès considérable, mais ce sont les observations des astres qui mettront sa vie en péril !
En mai 1609, il reçoit de Paris une lettre du Français Jacques Badovere, l’un de ses anciens étudiants, qui lui confirme une rumeur insistante : l’existence d’une longue-vue conçue par l’opticien hollandais Hans Lippershey en 1608, et permettant de voir les objets éloignés. Il se met lui-même a en construire une en appliquant des principes élémentaires d’optique car il envisage d’observer les étoiles invisibles à l’œil nu. Son instrument déforme sensiblement les objets, mais les grossit surtout de manière linéaire jusqu’à trente fois. Montées sur de simple tubes en bois ou de carton, les lentilles conçues par Galilée permirent pour la première fois à l’œil humain d’étudier de près la Lune, les taches solaires, les planètes et leurs satellites. Cette invention marque un tournant sa vie; notre homme a très vite la tête dans les étoiles il se précipite vers l’observation des corps célestes, extrapole déjà leurs mouvements et voit plein de choses !
Le 7 janvier 1610, il remarque trois petites étoiles à côté de Jupiter. Après quelques nuits d’observation, il découvre qu’il y en a une quatrième et qu’elles accompagnent la planète dont elles sont les satellites visibles. Pour lui, Jupiter et ses satellites sont un modèle du système solaire. Le savant voit également les taches solaires et les cratères de la Lune, prouvant par là que Soleil, comme la Terre et son satellite, présentent des imperfections. Il pense pouvoir démontrer que les « orbes de cristal » d’Aristote n’existent pas et que tous les corps célestes ne tournent pas autour de la Terre. Il publie à Venise les résultats de ses premières observations stellaires dans l’ouvrage « Sidereus Nuncius » (Le Messager céleste), dont les 500 exemplaires seront épuisés en quelques jours et accède à la célébrité en quelques semaines.

  • Les cratères de la Lune dessinés par Galilée à la suite de ses observations.
  • Même chose pour les phases de la Lune.
  • La fameuse lunette.

Véritables bombes dans le jardin de l’aristotélisme, ces affirmations successives gênent l’Église catholique qui avait fait du philosophe grec son savant officiel. En outre, Galilée poursuivant ses observations, est persuadé du bien fondé du système copernicien, basé sur l’hypothèse héliocentrique et non géocentrique. Il le déclare désormais ouvertement.

Le cardinal Bellarmin non content d’être Cardinal Inquisiteur, mais aussi l’un des plus grands responsables du procès qui avait conduit le malheureux philosophe, Giordano Bruno, à être brûlé vif en 1600, commence à creuser un peu la question et pose des questions : « Mais tout cela est-il bien vrai ? « . Christophorus Clavius jésuite et éminent mathématicien, confirme que les observations sont exactes, Galilée s’empresse de faire connaitre cette opinion. Mais Bellarmin, au nom de l’Église, lui interdit  « d’enseigner (le copernicanisme) par quelques moyen que ce soit ».

La situation change cependant en 1623, le nouveau pape Urbain VIII est un ami ! Le souverain pontife, sans lever l’interdiction qui frappe Galilée, l’autorise officieusement à évoquer l’héliocentrisme. Mais à deux conditions : d’abord, il doit parler du mouvement de la Terre comme simple hypothèse, ensuite, il doit donner la parole aussi aux défenseurs du géocentrisme. Tout va bien jusqu’en 1632, lorsque paraît le « Dialogue entre les deux plus grands systèmes du monde », où on trouve trois personnages : Salviati (alias Galilée), Simplicius qui défend les conceptions antiques sur l’immobilité de la Terre et Sagredo qui est censé être neutre. Fatale erreur ! Il y présente une « preuve » du mouvement de la Terre, ce qui est contraire aux accords avec le pape, et met dans la bouche de Simplicius un argument qu’ Urbain aimait à utiliser l’assimilant ainsi à un personnage ridicule et ignare.

L’ex ami, en furie, souhaite alors le procès de Galilée. En 1633, il comparaît devant Tribunal de l’Inquisition. Déprimé, abandonné par ses amis, vieillissant, sous grosse pression et menaces diverses, sentant vraiment alors l’odeur du bûcher, il a peur et abjure sa théorie. Il se retrouve assigné à résidence à Arcetri. Il écrit en 1638 son œuvre majeure « Discours concernant deux sciences nouvelles » qui paraît en Hollande.

L’église restera longtemps campée sur ses positions. Lors du décès de Galilée en 1642, les autorités ecclésiastiques interdisent à ses amis d’ériger le moindre monument funéraire. Celui-ci verra le jour un siècle environ après sa mort, avec une épitaphe dûment contrôlée par les clercs. En 1744, Benoît XIV autorise la publication des Dialogues en apposant toutefois « supposé » devant « mouvement de la Terre » et en avertissant qu’il doit être considéré comme simple hypothèse. Le décret interdisant l’héliocentrisme ne sera annulé qu’en 1822 !

D’après une légende tenace, Galilée aurait alors prononcé complètement désabusé et presque en aparté, à la fin de son procés

« Eppur si muove », « Et pourtant elle tourne ! ».